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Samedi 24 mars 2012 à 8:18

J'suis plus trop chez moi, ces temps-ci. Ça fait un mois que mon cégep est en grève et je passe le plus clair de mon temps soit au dit cégep, soit chez lui. J'aime la vie de gréviste, je suis vraiment ravie de vivre ça - bien sûr, ça me fait chier qu'on soit obligé de manquer tous ces cours pour que le gouvernement cesse de nous ignorer, mais bon. Jeudi, il y a eu une manifestation nationale pendant laquelle nous étions 200 000 à marcher dans les rues de Montréal, c'était fou, il y avait tellement de monde! C'est l'une des plus grande manifestation de l'histoire du Québec les copains, et j'y étais fièrement, armée de plein plein plein de slogans, autant contre la hausse des frais de scolarité que contre le premier ministre lui-même (Charest en prison, échappe ton savon!), que contre le gouvernement au complet, en passant bien sûr par le capitalisme (Le capital nous fait la guerre, guerre au capital!) et les policiers. Il y a quelques semaines, je défendais les policiers mais depuis que je participe à plein de manifs, je les vois d'un autre oeil. J'avoue qu'un des trucs que j'adore des manifs, c'est lorsqu'on est des centaines à scander, devant une ligne de policiers, des phrases comme Police partout, justice nulle part, ou No justice, no peace, fuck the police. Mais c'est la petite révolutionnaire frustrée en moi qui le crie.

Et puis lui... Halala. Disons que j'ai pas hâte de recommencer les cours parce que je vais le voir moins souvent, il habite tellement loin (25 minutes de bus jusqu'au métro, un métro de 10 minutes, un autre de 20 minutes, un bus de 20-25 minutes puis un kilomètre à marcher. Oui je suis très motivée). J'ai dit à une des mes amies l'autre jour «Maxine, j'suis en amour... J'suis dans la merde.» Enfin, en amour, c'est un grand mot. Et j'suis pas tant dans la merde non plus. Mais j'sais pas, j'ai vraiment du mal à m'abandonner et à lui faire totalement confiance. Y'a une part de moi qui me répète sans cesse qu'il n'est pas sincère et qu'il profite de moi. Je ne pense pas que ce soit le cas cela dit parce qu'il est vraiment gentil et il fait plein de choses pour moi. On s'en est parlé et il m'a rassurée un peu mais je vis en repensant au passé et à ce que j'ai vécu et c'est vraiment dur d'en faire abstraction. «C'est normal», qu'il m'a dit, «on apprend encore à se connaitre. T'es ma p'tite Mini incertaine et toute sensible. Mais j'suis vraiment bien avec toi.» J'imagine que mon attachement à lui est réciproque puisqu'il me répète souvent qu'il est bien avec moi et qu'il m'adore, mais tsé... Après m'être fait tromper et trahie par Maxime, j'ai vraiment de la misère à donner ma confiance. Je lui faisais vraiment confiance, vous savez. Mais bon. Lui, il est pas comme Maxime, j'en suis presque persuadée. C'est vraiment un bon garçon. Et puis je suis sur le bord de m'écrouler de fatigue, mes verres de contact vont bientôt faire saigner mes yeux alors je vais aller dormir, bonne journée les copains.

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(et oui, on fait déjà des photos ultra clichées. hihi <3)


Dimanche 15 avril 2012 à 0:53

J'aime sentir ses yeux sur moi.
Ses p'tits yeux bleus, souvent cernés.
Ils sont si beaux, ses yeux, d'un bleu clair, presque gris.

J'aime le voir s'approcher de moi, le regard ancré dans le mien. J'aime quand il me pousse doucement dans son lit et se place sur moi pour m'embrasser. J'aime sentir ses mains balayer mon corps, sur mes vêtements puis sous mes vêtements. J'aime quand il tire mes cheveux pour embrasser mon cou. J'aime quand l'une de ses mains se fraie un chemin entre mon sein et ma brassière serrée. J'aime quand il continue de m'embrasser, une main sur le dit sein, l'autre sur mon épaule, sur mon ventre, sur ma cuisse. J'aime quand il finit par m'enlever mon chandail, en murmurant souvent que j'ai «trop de vêtements». J'aime tant sentir ses lèvres sur moi, on dirait les nuages qui descendent du paradis et qui viennent se poser doucement sur ma peau. J'aime quand on s'entremêle les doigts, les jambes. J'aime quand les vêtements s'envolent n'importe où dans sa chambre. J'aime quand nos corps nus sont collés l'un à l'autre, quand notre sueur se mélange. J'aime passer ma main dans ses cheveux, lui adore ça, il pousse toujours un petit gémissement quand je le fais. J'aime entendre sa respiration de plus en plus rauque dans le creux de mon oreille. J'aime le serrer contre moi, planter mes ongles dans son dos, regarder ses yeux toujours aussi beaux. J'aime, j'aime, j'aime.


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Dimanche 15 avril 2012 à 10:12

Dire que la soirée avait bien commencé. Dans un bar chouette, avec des amis, on riait, je suis même allée danser - chose que je ne fais jamais. Puis, j'ai croisé Carl, le meilleur ami de mon ex Maxime. On s'est dit salut, comment ça va, suivi d'un câlin. Il m'a regardée, a penché la tête. «J'espère que Max ne vient pas...?», j'ai demandé. «Il s'en vient bientôt», a-t-il répondu en grimaçant. Eeeeet merde. (Précisons ici que j'avais décider de couper tout contact avec lui après avoir vu sur facebook qu'il était soit disant avec sa nouvelle copine depuis le 14 novembre.. Alors que je l'avais laissé le 18).

Ça a vraiment gâcher ma soirée. À chaque fois que je voyais un homme de sa grandeur, je me demandais si c'était lui. Ça faisait cinq mois que je ne l'avais pas vu, les copains. Évidemment, j'ai fini par l'entrevoir une première fois. Une fraction de seconde, juste assez pour qu'il m'envoie la main, tout bonnement, comme si rien n'était. Je me suis sentie insultée : comment osait-il m'envoyer la main?! Comme si on était amis? Je suis restée un moment avec mes copains, puis je suis allée commander à boire. Il était juste devant moi, dans la file, à quinze centimètres à peine. Il s'est retourné et m'a vue. Je l'ai fusillé du regard, un moment, l'insultant silencieusement. Il a fini par me dire un «Ça va?», auquel j'ai répondu, pleine de dédain, «j'veux pas te parler». Il s'est retourné lentement, après quoi Carl est revenu me parler. La copine de Carl, une ancienne amie, m'a prise dans ses bras. J'ai pleuré, pleuré. Carl m'a dit que pour la première fois en trois ans, Maxime lui avait parlé sérieusement et semblait vraiment regretter tout ce qu'il m'a fait. «C'est pas vrai», que j'ai dit, «il regrette rien de rien, c'est un connard. Il n'a ni âme, ni coeur. Je lui souhaite d'être malheureux après tout ce qu'il m'a fait. Je lui souhaite de se mettre une corde autour du cou et de se pendre, c'est tout ce qu'il mérite.» Effectivement, j'étais pas mal fâchée.

«Merci et bonne soirée», que j'ai dit à Carl et sa copine. J'ai bu les deux shooters que j'ai commandés au bar et je me suis enfuie au toilettes où j'ai encore pleuré longuement. C'était pas que des larmes, mais des sanglots et des gémissements, camouflés par la musique trop forte. J'avais envie de crier, de frapper, de mordre. Je me suis calmée un peu et je suis remonté voir mes amis. J'ai recommencé à pleurer comme une folle, j'étais incontrôlable. Mon amie m'a trainée dehors, je lui ai tout déballé et ça m'a fait du bien. Elle est même allée le voir pour lui dire que c'était un connard, ce à quoi il a répondu «Je sais». Je lui ai fait un fuck you de loin.

Ce qui me fait le plus chier avec tout ça, c'est que ça prouve que je ne l'ai toujours pas oublié. J'essaie mais c'est dur, vous savez. Mais maintenant, toute la compassion et l'empathie que je ressentais pour sa pauvre personne s'est transformée en haine pure et dure. Je le méprise et le déteste, c'est tout ce qu'il mérite. Il aura beau dire à son meilleur ami que j'étais la femme parfaite, il reste un sale connard ne méritant aucun respect. Voilà.

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Vendredi 4 mai 2012 à 6:16


J'suis triste, les amis.
Triste, fâchée, découragée, un peu déprimée. Et pour une fois, aucun rapport avec les garçons de ce monde.
Fait 73 jours que je suis pas allée en cours. Je suis en grève depuis tout ce temps. Et j'en ai marre.
C'est vraiment dur pour le moral. Se lever hyper tôt le matin en se répétant «J'ai pas voté une grève pour des vacances, j'ai pas voté un grève pour aller dormir». Se geler le cul devant le cégep de 7h30 à 10h sur les lignes de piquetage parce que pas de piquetage, pas de levée de cours, donc pas de grève. C'tait pas si pénible au début, on était tous plein d'énergie, on voyait loin, on était confiant. Aujourd'hui, c'est différent. On est tous cernés, fatigués, on se remet en question, on doute. Coudonc, c'est-tu légitime, notre lutte? Est-ce qu'on a raison, au fond?
«Bien sûr que oui! Bien sûr, qu'on a raison, c'est quoi cette question.» C'est ce qu'on laisse tous paraître. Mais de plus en plus craquent, moi je craque peu à peu en ce moment. Je suis encore convaincue que la hausse des frais de scolarité est une mauvaise idée (en fait c'est d'la CALISS DE MARDE), que le gouvernement Charest n'a pas raison (pis que c'est un OSTI DE GOUVERNEMENT DE MARDE), mais tabarnak, je me demande vraiment ce que ça va prendre pour que la population comprenne et nous appuie complètement. Qu'on en finisse. J'étais sensée finir les cours dans deux semaines, vous vous rendez compte? Je vais finir en juillet.

Aujourd'hui, c'était vraiment moche comme journée. Y'a des gosses de riche, à travers le Québec, qui paient pour avoir des injonctions et donc retourner à leurs cours. Ils sont 16 à mon cégep et aujourd'hui était le premier jour qu'on les laissait entrer. C'était affreux, les amis. Des professeurs, qui nous appuient, en larmes parce qu'ils devaient donner des cours à ces connards. Les voir passer les lignes de piquetage, avec un petit sourire, en nous narguant. J'ai pas le droit d'en parler, les copains, mais je vous assure qu'on les laissera pas s'en tirer aussi facilement.

Nous vaincrons.

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Mardi 22 mai 2012 à 7:12

 J'étais chez JP (d'ailleurs, j'y suis toujours, mais il dort, le gros bébé). J'étais toute seule dans la cuisine, lui dans sa chambre. Mes yeux se sont posés sur la balance qui me nargue à chaque fois que je vais chez lui. Ça fait plusieurs mois que je ne m'étais pas pesée, au moins sept mois (!). Avant, chez mon ex, je me pesais à chaque semaine, puis j'ai commencé à prendre doucement du poids et à force, ça m'a tellement dégoûtée que j'ai arrêté de le faire. Ses commentaires n'aidaient pas, c'est sur... Cet harcèlement dont j'étais victime, il était toujours là pour me rabaisser, pour me rappeler que j'avais du poids en trop et que j'étais bien moins jolie que plein d'autres filles. M'enfin. Sept mois, donc, sans m'être pesée. J'ai regardé la balance, il y était écrit :
«1. Tapoter rapidement du pied ici.
2. Retirer le pied
3. Attendre 0.00
4. Montez»
 
J'ai hésité mais je l'ai fait, j'ai tapoté tranquillement. À 0.00, j'ai monté un légèrement monté un pied, puis monté l'autre sans trop le vouloir, et j'ai attendu que le chiffre apparaisse.
 
«120 lbs»
 
J'ai regardé encore, j'y croyais pas. «Minou!», j'ai gueulé, «minou, viens voir ça, viens voir!». Le temps qu'il arrive, le chiffre avait disparu. Je lui expliqué que j'étais pas si grosse que ça finalement et il m'a demandé de regrimper.
 
«123 lbs»
 
J'étais quand même contente, je m'attendais à bien pire! Il m'a demandée d'y retourner, ce que j'ai fait. J'ai attendu, un peu angoissée, que le chiffre apparaisse. 
 
«130 lbs»
 
C'est con, je vous l'accorde. Mais instantanément, j'ai sauté de la balance, je me suis reculée de trois ou quatre pas et j'ai regardé JP, effrayée, comme si je venais de voir un fantôme. On s'est regardé en silence. Mes yeux se sont remplis d'eau. 
 
«Mais non, pleure pas Mini! Elle dit n'importe quoi cette balance, tu vois bien! Retournes-y, tu vas voir!
-T'es malade?! Ça va encore monter je suis certaine, j'avais raison caliss, j'suis grosse!»
 
C'est con, je sais! Mais je me suis mise à pleurer, pleurer, pleurer. Il m'a prise dans ses bras, répétant que «non, t'es pas grosse», «t'es parfaite mini», «t'en fais pas». Mais dans ma tête, je lui rétorquais qu'il avait tort et qu'il me disait ça juste pour être gentil et qu'au fond, j'étais dégoûtante, comme Maxime me l'avait souvent dit. Il m'a serré très fort puis m'a regardée, je crois qu'il avait de l'eau dans les yeux. «Arrête ça Mini, j'aime pas ça te voir de même». Il m'a traînée dans sa chambre, sur son lit, où il m'a collée de tout son corps. La main dans mes cheveux, il a dit : «Ça me fait chier, vraiment, d'être incapable de te convaincre que t'es belle». «C'est pas ta faute», que j'ai dit, les joues toutes mouillées. 

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(aucune idée d'où vient cette photo,
je l'ai trouvée dans l'ordi de JP)

Mercredi 13 juin 2012 à 5:06

Ça m'arrive, une fois de temps en temps. J'sais pas pourquoi, j'sais pas si c'est normal. Des crises, mais pas n'importe quelle crise, des criss de crises. Enfin, j'aime pas trop le mot «crise», ça fait petit enfant qui pleure. C'est plus.. J'sais pas, des badtrips. Morte, gisante sur un sofa quelconque, on dirait que tout est noir autour de moi, je suis convaincue pendant un instant que tout le monde est contre moi, que personne ne m'aime, je deviens paranoïaque et méprise tout le monde pour des complots inexistants qu'ils auraient fait contre moi. J'divague, je pleure, je fixe le vide. C'pas beau à voir, disons. Et puis ça m'est arrivé hier. Un peu à cause lui.

J'voulais le voir, ça faisait quelques jours que je l'avais pas vu. QuelqueS jourS, vous vous rendez compte! J'étais en manque de câlin, en manque de bec, en manque de «t'es belle», en manque de ses yeux d'enfant aux longs cils, en manque de sa barbe, en manque de son sexe en moi, en manque de ses oreilles qui lui ont mérité le surnom de Dumbo quand il était p'tit (il me l'a avoué alors qu'il était saoul). J'avais envie de le voir. Et ça tombait mal puisqu'il était en train de déménager sa chambre, il déménage petit à petit. «J'vais t'aider», j'lui ai dit, mais il n'avait pas l'air de vouloir. J'en ai conclu qu'il ne me voulait plus, qu'il avait honte de moi et qu'il ne voulait pas me présenter à son nouveau coloc, que c'était un connard, que je perdais mon temps. Ouain, pendant une heure, en sueur toute seule dans mon salon, je l'ai détruit mentalement et me suis presque persuadée que je devrais tout lâcher et l'oublier.

Finalement, on a fait l'amour sur le comptoir de son lavabo, dans la salle de bain, c'était franchement super. On baise dans le noir d'habitude mais là on se regardait dans les yeux, c'était vraiment intense, il est si joli quand il baise.

Ouais parce qu'il a fini par m'inviter chez lui. On a parlé beaucoup, il m'a rassuré. «T'sais», j'ai dit, «des fois, j'interprète et je comprends pas la bonne affaire». On a eu une genre de discussion sur l'amour et tout le tralala, des trucs un peu moche comme «penses-tu que tu vas m'aimer un jour», «est-ce que tu nous voir longtemps ensemble». Ça m'a fait du bien de le voir.

Et puis en passant, je suis désolée de vous délaisser un peu. J'ai quelques visites à chaque jour malgré tout, merci vous êtes trop sympas.


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Ouais j'aime les pissenlits.

Jeudi 14 juin 2012 à 9:12

Bientôt quatre mois que je suis en grève. Le gouvernement a voté une loi spéciale fortement critiquée et anti-démocratique qui fait en sorte que je ne retournerai pas à l'école avant la mi-août, m'obligeant ainsi à vivre une grève de six mois. Ouain, c'est long.
Aujourd'hui, je vous raconte quatre rêves que j'ai fait au cours de la grève. Quatre cauchemars, plutôt, qui commencent à s'effacer de ma mémoire à mon plus grand malheur. Je vais donc les étendre ici afin de ne jamais les oublier.

Le premier cauchemar mérite une petite mise en contexte. Je ne me rappelle plus quand est-ce que ça s'est passé, mars, avril? J'sais plus, le temps passe tellement étrangement depuis que je suis en grève, était-ce hier ou il y a deux mois, j'en suis presque là. Je sais juste qu'il faisait froid et que c'était tôt le matin. J'étais allée bloquer un édifice gouvernemental avec une centaine de camarades. L'anti-émeute a fini par débarquer après trois heures de blocage dans le froid le plus total. Je m'étais mise tout près de l'entrée principale, en troisième rangée. J'avais ainsi calculer qu'il était impossible de me faire matraquer mais de toute façon, j'étais convaincue que l'anti-émeute n'utiliserait pas la violence parce que après tout, que vaut un édifice fait de bêtes briques comparée à des vies humaines? Ils se sont approchés en faisant leur petite chorégraphie digne d'une troupe de danse plein de grâce, en tapant sur leur bouclier afin de nous faire peur. Ils nous ont encerclés, nous ont parlés un peu. On se serrait tous les un contre les autres, pas question de lâcher les bras de ceux qui étaient à nos côtés. J'étais entre deux gars évidemment bien plus grand que moi et les questionnais sur ce qui se passait puisque ma petite taille m'empêchait de bien voir. Les policiers ont fini par nous matraquer un peu. Un coup, deux coup, puis, l'orage. Voyant qu'on ne reculait pas, ils nous ont aspergés de poivre de cayenne. Les gens qui étaient en première rangée devenaient tous blessés et aveuglés et se reculaient donc derrière les autres. À force, je me suis retrouvée tout près d'eux, j'entendais les coups, j'avais tellement peur, je tremblais comme une feuille. Nos rangs ont fini par se briser. On s'est enfui et les policiers ont pris notre place autour de l'entrée.

Ça a tout changé. Depuis cette journée. La première fois qu'un policier s'en prenait à moi aussi directement. Ils m'avaient déjà courue après mais c'était tout, cette fois j'avais eu le poivre dans la bouche et dans le nez (heureusement mes yeux étaient intacts), cette odeur particulière qui reste si longtemps, qui colle à la peau et aux vêtements. J'avais peur, j'étais en colère, eux se tenaient devant l'édifice comme si rien était. Je suis allée les insulter avec d'autres gens, c'était plus fort que moi, «vous vous rendez compte que je mesure cinq pieds et que je ne suis clairement pas une menace, vous avez pas de coeur, on fait ça pour vos enfants, blablabla». Dans c'temps-là, on essayait souvent de les prendre par les sentiments, de leur parler de leur famille, «comment vous faites pour dormir le soir?». Maintenant c'est différent, ça s'est radicalisé, on les méprise, «flic, porc, assassin». M'enfin.

Le premier cauchemar, donc (on y arrive). C'était la nuit juste après cet évènement. Ça me fait chier, j'ai vraiment oublié des bouts. Mais en gros : ça a surement commencer pendant une manifestation que les policiers ont déclarée illégale. Ils se sont mis à nous poursuivre dans les rues. Je courais, tentant de m'enfuir, mais je suis tombée par terre. Une policière m'a tout de suite rattrapée pour me passer les menottes, mais une autre manifestant lui a sauté dessus afin de l'en empêcher. J'ai continué ma course et me suis cachée dans les ruines d'une restaurant italien. Je les voyais passer près de moi, à la recherche d'étudiants au carré rouge. Ils faisaient des rondes, ils avaient l'air de SS. J'ai fini par partir de ma cachette et je suis allée me réfugier chez Benjamin (ouais LOL), dans son appartement. Je regardais souvent par la fenêtre et voyais les policiers en train de patrouiller jour et nuit. Ça s'est terminé lorsque je suis sortie avec une perruque mauve afin de ne pas me faire reconnaître et je suis passée à côté d'eux sans qu'ils réagissent.

Le deuxième cauchemar : cette fois, nous allions bloquer l'accès à Jean Charest, qui s'en allaient dans un édifice quelconque. L'anti-émeute nous a rapidement encerclés et a procédé à une arrestation de masse, chose qu'elle fait souvent. Ils nous ont tous menottés à l'aide de tie-wrap et nous ont emmenés sur une colline. Ils ont alors creusé un trou dans ladite colline, nous ont poussés dedans et nous ont enterrés vivants. C'était vraiment bizarre parce que c'était comme si je sentais chaque pelleté de terre tomber sur mon corps et cacher ma vue. Ils nous ont laissé pourrir là mais un journaliste nous a trouvés. Je lui ai racontai ce qu'il s'était passé mais il ne m'a pas crue.

Le troisième : j'étais au parc Émilie-Gamelin, là où partent de très nombreuses manifs. Plusieurs enfants jouaient par terre avec des craies. J'en ai pris une et, sous le regard attentif des policiers, j'ai écrit sur le sol «SSPVM, police politique» (Service de Police de la Ville de Montréal). Dès qu'ils ont vu ça, ils n'étaient pas très contents et se sont également mis à me courir après. Cette fois, je me suis réfugiée au chalet d'un ami où il y avait une fête et où les policiers sont venus frapper à la porte afin de me chercher - mais mais amis ne m'ont pas dénoncée.

Finalement, le dernier, le plus court (qui a été brutalement coupé par un réveil en sursaut): j'étais dans le métro (je me dois de préciser ici que les policiers ont fait de nombreuses fouilles abusives et illégales dans le métro pendant la fin de semaine du Grand Prix, ce qui explique ce rêve). J'étais assise sur un banc et portais deux carrés rouges, un épinglé à mon chandail et l'autre à ma sacoche. J'ai simplement vu au moins une centaine de policiers passer les tourniquets et s'approcher vers moi en chantant des slogans et je me suis réveillée.

Voilà, article hyper long simplement pour décrire un peu les séquelles que je porte à cause de cette grève. Bien sûr, ça semble être minime, mais je vous assure qu'il est très troublant de rêver que l'on se fait enterrer vivante par la police. Aussi, c'est loin d'être les seules séquelles; on devient tous fous, peu à peu, parce que les matraques et les bombes lacrymogènes ne devraient pas faire partie de la routine d'une étudiante.

p.s., désolée pour les fautes, il est 3h ici, j'suis crevée.

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Jeudi 28 juin 2012 à 8:10

Ces temps-ci, j'étouffe. Dans ma graisse.
J'pu capable, ça me dégoute, toute cette peau, cette graisse molle. Mon ventre, mes cuisses, mon dos, ouais, j'ai même des bourrelets de dos, c'est vraiment affreux. J'ai fait l'erreur de me re-peser. J'ai pris 20 livres, soit 9 kilos et des poussières (j'suis tellement gentille que j'ai fait la conversion pour vous), en deux ans. Vous vous rendez compte? Mon ex me trouvait déjà énorme dans ce temps-là, je n'imagine pas aujourd'hui.

Le truc c'est que j'ai décidé d'aller acheter de nouveaux vêtements. Pour me rendre compte que j'rentre dans rien. Je me mettrai pas à acheter du Large, caliss, je mesure 5 pieds (1m52), je suis PAS supposée porter du large. J'suis supposée porter du Small, bein oui, je suis petite, tsé! Logique! Du medium, au pire, c'est ce que je prends d'habitude. D'ailleurs, aujourd'hui, j'ai vu la plus belle robe du monde. Je vous le dit, elle était vraiment géniale. Alors je l'ai prise et je l'ai essayé dans la cabine mais, Ô horreur, il n'y avait pas de miroir dans la cabine! Je suis donc sortie et j'ai fait trois pas pour me regarder. Ça été direct : ark ark ark ark. J'ai pas pu m'empêcher de murmurer «Oh, non», alors que le vendeur (mignon évidemment) m'a regardé en disant «bah oui!». «Euh, non», j'ai répété, «Euh, oui!», qu'il a encore dit. Je l'ai fusillé du regard à travers le miroir en marmonnant «juste... non» et suis allée me changer. En sortant, il m'a demandé «mais pourquoi non?». «Euh, t'as pas vu? J'avais l'air d'une grosse patate fleurie». J'ai dit ça avec un sourire mais c'était tellement vrai. «Mais non, dis pas ça!», qu'il a répondu, déçu de ne pas m'avoir convaincue de dépenser mon argent. Il était à la commission, c'est sûr.

C'est vraiment ça, le pire. Les gens qui me mentent. Ma mère qui me dit que j'ai des petites cuisses alors que j'en fait même pas le tour avec mes doigts. Mon chéri qui me répète sans cesse que je suis parfaite. Tsé, c'est gentil de sa part, mais y'a des limites. Je peux pas être parfaite, c'est simplement impossible. Il peut me trouver correcte, d'accord, chacun ses goûts, mais parfaite?! Non, non, non. Il dit ça seulement pour me faire plaisir. Ça me fait un peu de peine, par exemple, parce qu'il me dit souvent que ça l'attriste vraiment que je sois complexée comme ça. Mais j'peux rien y faire, il aurait beau pleurer, ses larmes ne me rendraient pas mince. C'est pas juste dans ma tête, comme il dit, ça serai trop simple.

Et là vous vous dites, «t'as qu'à faire du sport au lieu de te plaindre, grosse truie»? (enfin, je suis pas mal sûr que c'est ce que me dirait mon ex - avec des mots peut-être plus cruels) Mais c'est que... Ha! C'est pas si simple. Y'a des jours où je suis comme ça, découragée et tout. Et y'a des jours où je me dis qu'au fond, je devrais pas être triste à cause de ça, que c'est à cause de la société superficielle et capitaliste que je voudrais tant être mince, que si manger des biscuits me rend heureuse, je devrais le faire. Mais bon. Ça me rend tellement triste que je devrais vraiment y changer quelque chose. C'est dur de m'en convaincre, ça fait 10 ans que je me trouve grosse. Quand j'étais plus jeune, disons qu'on me le faisait remarquer... Alors, être satisfaite de mon corps, je sais pas trop ce que c'est.

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(ouais, je suis saine d'esprit)


Vendredi 6 juillet 2012 à 7:11

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Est-ce que ça existe, des gens parfaits? Parce que si oui, je pense qu'il en fait partie
. Enfin, pas totalement. C'est compliqué.

En tout cas, il l'est pour moi. Voilà. Il est exactement ce que j'ai besoin. Et ça me fait peur.
C'est le «exactement» qui me fait peur. Vous savez, la vie, c'est rarement simple hein! Ça aurait pu être un truc du genre «ils s'aimèrent et eurent beaucoup d'enfants», mais non, c'est plus «il est parfait et elle non alors elle elle a peur, elle est vraiment insécure à propos de tout, elle voudrait pas le perdre, vous savez». Ça me fait peur parce que plus il est parfait, plus je m'attache, plus je lui fais confiance. Bien que je sente qu'il n'est pas de ce genre-là, j'ai toujours une petite voix qui me répète qu'il risque de me trahir, de me mentir et de m'abandonner, lui aussi. J'essaie de la faire taire parce que ma plus grande crainte parmi tout ça, ça serait qu'il se lasse de moi et que je le perde. Il ne ferait pas ça méchamment mais plus parce qu'il ne serait plus capable de gérer mon humeur instable et mes larmes toujours prêtes à couler.

Pour l'instant, je pense que ça va. Il trouve ça même mignon. (et entre vous et moi, ça le fait bander de me prendre dans ses bras pendant que je pleure, il m'a expliquée que c'est comme si son pénis lui disait : «fais-lui l'amour pour la rassurer». Et bien) Vous voyez, il est toujours calme et patient avec moi, il reste toujours posé et ne se fâche jamais. Il m'embrasse tout le temps, me prend dans ses bras, me flatte, il me complimente toujours. Il est intelligent et cultivé et nous avons toujours des conversations intéressantes. Vous voyez comme il est parfait? Et puis, le plus important, c'est qu'il a parfois l'air d'un enfant dans pris dans un corps d'adulte, comme moi.

Halala ça va bien aujourd'hui. <3

p.s. : regardez mon magnifique chandail, je l'adore, il représente Dali à merveille!

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Vendredi 13 juillet 2012 à 5:13

j'suis un peu tannée d'ici, je relis mes articles et me trouve pathétique, ça m'écoeure un peu.
j'vais aller prendre l'air ici un peu, je reviendrai peut-être un jour.

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